Les violences conjugales
Sous le terme générique de violences conjugales sont répertoriées toutes les violences physiques (coups et blessures), psychiques (harcèlement moral, insultes, menaces), sexuelles (viol ou attouchements) ou encore économiques (privation de ressources financières et maintien dans la dépendance) qui ont lieu au sein d'un couple marié ou non.
En effet, la condition première pour caractériser des violences conjugales est que la victime et l'auteur doivent entretenir une relation sentimentale présente ou passée. La nature de cette relation sentimentale, mariage, pacs ou union libre, importe peu.
Si vous êtes victime de telles violences, vous êtes en danger.
Il faut d'abord en parler autour de vous, à quelqu'un de confiance et garder toute trace des agissements violents (par exemple, les SMS prouvant le harcèlement ou les insultes, prendre des photos des coups).
Parallèlement, vous pouvez vous rendre dans un commissariat de police ou à la gendarmerie pour porter plainte. Vous pouvez également les contacter pour qu'ils interviennent à votre domicile.
Dans l'idéal, il faudrait par la suite que vous alliez faire constater vos blessures auprès d'un médecin, à l'hôpital ou chez une sage-femme si vous êtes une femme pour recueillir des preuves de ces violences.
Par la suite, une consultation avec un avocat vous permettra de connaître les possibilités qui s'offrent à vous, notamment si vous dépendez financièrement de votre conjoint. Des mesures peuvent être prises pour éloigner le conjoint violent, même de son propre domicile, et fixer une pension alimentaire.
L'ordonnance de protection
L'ordonnance de protection est une requête que l'on dépose auprès du Juge aux Affaires Familiales afin d'organiser votre situation le temps que le dépôt de plainte ou l'assignation en divorce produise ses effets.
La décision interviendra dans un délai maximum de 6 jours après l'audience et va permettre notamment d'interdire à l'auteur des violences d'entrer en contact avec vous ou de vous approcher tant à votre domicile que sur votre lieu de travail.
Il est également possible de demander à ce que votre conjoint porte un bracelet électronique afin de contrôler ses déplacements et s'assurer qu'il ne s'approche pas de vous.
Par principe, le domicile conjugal est attribué à la victime des violences conjugales et l'auteur est prié de se reloger ailleurs dans un délai imparti par le juge.
L'ordonnance de protection va enfin régir les dispositions concernant vos enfants le cas échéant (autorité parentale, résidence des enfants et droit de visite) et les modalités financières (prise en charge du loyer, pensions alimentaires pour les enfants) de vos relations.
Ces mesures sont fixées pour 6 mois, renouvelables si vous en faîtes la demande.
En général, une assignation en divorce à bref délai est déposée au Tribunal en même temps que l'ordonnance de protection, de sorte qu'à la date de fin des effets de l'ordonnance de protection, une autre décision de justice rendue dans le cadre de la procédure de divorce prolonge les effets de cette ordonnance de protection.
Comment savoir si je suis victime de l'emprise de mon conjoint ?
Voici un questionnaire* simple qui va vous permettre de savoir si votre conjoint vous manipule. Ce test vous permettra peut-être de prendre une décision importante dans votre vie de couple. Il faut savoir que malheureusement un manipulateur ne change pas, JAMAIS, et le seul moyen de s'en sortir est la séparation.
Si au moins 14 des caractéristiques suivantes concernent votre conjoint, alors il existe clairement un phénomène d'emprise et de manipulation sur votre personne.
En dessous de ce nombre, il s'agit plutôt d'attitudes qui peuvent nuire à la qualité de votre relation sans pour autant risquer de vous faire du mal. On parlera simplement d'une relation peu épanouissante.
Prenez une feuille de papier et comptez un point chaque fois que la caractéristique vous rappelle votre conjoint :
- Il culpabilise les autres, au nom du lien familial, de l'amitié, de l'amour, de la conscience professionnelle,...
- Il fait croire aux autres qu'ils doivent être parfaits, qu'ils ne doivent jamais changer d'avis, qu'ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et aux questions.
- Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins (courtoisie, humanisme, solidarité, antiracisme, "gentillesse", "générosité", "bonne" ou "mauvaise" mère,...)
- Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique, dévalorise et juge.
- Il peut être jaloux.
- Il utilise des flatteries pour nous plaire, fait des cadeaux ou se met soudain aux petits soins pour nous.
- Il joue le rôle de victime pour qu'on le plaigne (maladie exagérée, entourage "difficile", surcharge de travail,...)
- Il se démet de ses responsabilités en les reportant sur les autres.
- Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et ses opinions.
- Il répond très souvent de façon floue.
- Il change carrément de sujet au cours d'une conversation.
- Il évite ou s'échappe de l'entretien, de la réunion.
- Il fait faire ses messages par autrui ou par des intermédiaires (téléphone au lieu du face à face, laisse des notes écrites).
- Il invoque des raisons logiques pour déguiser des demandes.
- Il prêche le faux pour savoir le vrai, déforme et interprète.
- Il ne supporte pas la critique ou nie des évidences.
- Il menace de façon déguisée ou fait un chantage ouvert.
- Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner et peut provoquer la rupture d'un couple.
- Il change ses opinion, ses comportements, ses sentiments selon les personnes et les situations.
- Il ment.
- Il mise sur l'ignorance des autres et fait croire à sa supériorité.
- Il est égocentrique.
- Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes, ses actes ou son mode de vie répondent au schéma opposé.
- Il utilise très souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui.
- Il ne tient pas compte des droits, des besoins ou des désirs des autres.
- Il ignore les demandes (même s'il dit s'en occuper).
- Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté (piège).
- Il nous fait faire des choses que nous n'aurions probablement pas faites de notre plein gré.
- Il est efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d'autrui.
- Il est constamment l'objet de discussions entre gens qui le connaissent même s'il n'est pas là.
* Ce questionnaire a été mis au point par la thérapeute Isabelle NAZARE-AGA, auteur du livre Les manipulateurs et l'amour.